vendredi 17 juin 2016

Cambodge, Phnom Penh

Mardi 14 Juin

Ce matin nous nous rendons en tuk tuk jusqu’à l’embarcadère qui nous permet de rejoindre l’île Koh Dach à 8 kms de Phnom Penh. Cette île c’est « l’île de la soie » où sont confectionnés des kilomètres de tissu en soie brute qui sont ensuite revendus à des familles de la ville. Pour y parvenir nous faisons une toute petite traversée du Mékong à bord d’un bac. Une fois sur l’île, nous avons droit à une visite guidée où l’on nous explique toute les étapes, de l’oeuf au cocon, du cocon au fil, du fil à l’écharpe. La visite est intéressante bien qu’un peu rapide. De plus nous n’arrivons pas au bon moment car c’est l’heure de la sieste pour les ouvrières et la plupart ne sont donc pas derrière leur métier à tisser, mais paisiblement endormies dans leur hamac. Sur le site il y a également toute un ménagerie : oiseaux en cage, lapins, poissons… En sortant nous achetons de très bonnes mangues qu’une ouvrière nous coupe gentiment. Ces dernières poussent sur des énormes manguiers qui abritent le site du soleil. Avant de quitter l’île nous demandons à notre chauffeur s’il est possible d’aller un peu se balader dans les terres, et bien qu’il nous dise que c’est poussiéreux, il s’y aventure tout de même. Nous n’avançons guerre, car le tuk tuk n’a pas d’amortisseur et le chemin est en terre est bien ondulé ! De plus dès que nous croisons un véhicule nous mangeons effectivement une bonne quantité de poussière ! Cela nous permet tout de même de voir quelques habitations sur pilotis sous lesquelles sont systématiquement installés des métiers à tisser. Au retour nous passons devant le palais royal, mais nous ne nous y arrêtons pas car il est déjà un peu tard et que les filles doivent travailler. Et avec cette chaleur, Perle perd très vite patience et ses nerfs sont vite à vif ! En rentrant, sur les conseils de la famille Meier nous allons tester le « baguette rillettes cornichons » de la boulangerie Française qui est non loin de l’hôtel et il fait un tel ravage, que Fred doit aller en chercher une deuxième fournée ! Et oui nous nous échangeons tous nos bons plans, jusqu’à la dernière miette !

Mercredi 15 Juin

Voyage en enfer aujourd’hui avec la visite de la Prison S21, ancien lycée convertit en 1975 en centre de détention par les Forces de Sécurité de Pol Pot. Il est maintenant reconnu comme le plus grand centre de détention et de torture du pays. Plus de 17 000 prisonniers y furent retenus pour être transportés ensuite dans le camp d'extermination de Cheoung Ek afin d' y être exécutés. Lorsque Phnom Penh fut libéré par l'Armée Vietnamienne au début 1979, seul sept prisonniers sont survivants. En août 1979, les Vietnamiens transforment le site en musée. Les tableaux et photos exposées représentent sans retenue la violence pratiquée à l'époque sur le peuple Khmer… La dureté du récit est telle qu’il est très difficile d’écouter l’audio-guide tout en étant dans le lieu. D’ailleurs il nous est bien spécifié au début qu’il est possible de l’écouter dehors assis sur un banc à l’ombre d’un arbre, ou de l’éteindre si cela est trop éprouvant. Cette visite est angoissante et terrifiante. Les filles qui ont absolument tenu à prendre un audio guide, l’enlèvent au bout de quinze minutes, moi même je ne peux le garder jusqu’au bout et je l’enlève avant la fin. Aussi Angélina et Lily-Rose ne comprennent pas vraiment pourquoi nous les avons emmené ici. Nous leur expliquons que c’est important de connaitre l’histoire des pays, du bon comme du mauvais côté. Perle, trop petite est à mille lieux de savoir où elle se trouve, et ce n’est pas plus mal. nous continuons la visite tandis que les filles vont s’assoir sur un banc à l’ombre à l’extérieur. Dans la cour, deux survivants de ces atrocités dédicacent des livres racontant leur histoire que nous achetons. Si leur famille toute entière n’a pas été épargné, eux l’ont été. Bou Meng était peintre, Chum Mey mécanicien et tous deux pouvaient servir au régime. Ils font partie des 7 survivants de S21. Chum Mey comme Bou Meng entretiennent un lien décomplexé entre mémoire et argent. Si Bou Meng monnaye ses interviews ce pourquoi on ne peut pas réellement lui en vouloir, Chum Mey, lui, reverse une partie des recettes à l’association des victimes du régime khmer rouge qu’il préside. Surtout, il cherche à faire connaître partout dans le monde son histoire et celle des détenus de S21. C’est un devoir. Une promesse faite aux morts. Une mission qu’il s’applique à remplir chaque jour avec discipline, de 8 h à 17 h. Moment émouvant que de leur serrer la main et de voir la force qui ont encore eux pour être assis dans l’enceinte de ce lieu où ils ont connu et vu tant d’atrocités. Leurs cellules, sont encore là, toutes proches. Chum Mey lors d’une interview raconte : «Avec mon livre, avec ma photo, les touristes vont montrer chez eux qu’ils ont rencontré un survivant, ils vont expliquer ce qu’était S21. Ils pourront dire que cette histoire s’est réellement passée.» Nous faisons l’impasse sur les killings fields, le charnier, l’endroit où étaient exécutés les condamnés, ayant notre dose d’atrocité pour la journée. Pour ceux que cela intéresse, voici le lien d’un blog où toute l’histoire de S21 est très bien raconté telle que nous l’avons eu dans l’audio-guide : prison S21. Pour nous changer un peu les idées, nous allons au marché russe mais nous y restons pas longtemps car il fait un chaleur étouffante et c’est totalement irrespirable sous les tôles ondulées qui le protège. Lorsque nous rentrons à l’hôtel, un gros orage éclate, nous y passons donc tranquillement l’après midi. Demain nous quitterons Phnom Penh pour l’île de Koh Rong Samloem au sud du pays.

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